Une diversité de définitions
Le mot « biodiversité » en lui-même est un néologisme composé à partir des mots biologie (du grec βίος / bios, « vie ») et diversité.
La biodiversité serait donc la diversité biologique. Mais encore ? Elle est bien plus que la liste et la description des espèces vivantes qui peuplent notre planète. Elle s’apprécie en considérant la diversité des écosystèmes, des espèces, des populations et celle des gènes dans l’espace et dans le temps, ainsi que l’organisation et la répartition des écosystèmes aux échelles biogéographiques.
L’expression « biological diversity » a été inventée par Thomas Lovejoy en 1980 tandis que le terme « biodiversity » lui-même n’a été inventé qu’en 1985. Le mot « biodiversity » a été jugé plus efficace en termes de communication que « biological diversity ».
La Convention Mondiale sur la biodiversité écologique du 5 juin 1992 a défini le terme de biodiversité comme étant « la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes ».
La biodiversité concerne donc tout le vivant et la dynamique des interactions au sein du vivant.
Une approche scientifique ou les mesures de la biodiversité ?
Depuis 1986, le terme et le concept sont très utilisés parmi les biologistes, les écologues , les écologistes, les dirigeants et les citoyens en parallèle de la prise de conscience de l’extinction d’espèces au cours des dernières décennies du XXe siècle.
Selon le point de vue précédemment défini, il ne peut y avoir de mesure unique objective de la biodiversité, mais uniquement des mesures relatives à des tendances ou objectifs précis d’utilisation ou d’application. On devrait parler donc plutôt d’ « indices » de biodiversité que de véritables indicateurs. Ils commencent à être relevés à l’échelle mondiale, par des observatoires de la biodiversité.
Les biologistes accordent une importance croissante à la diversité génétique et à la circulation des gènes. L’avenir étant inconnu, nul ne peut savoir quels gènes seront les plus importants pour l’évolution.
Certains considèrent cependant cette approche comme parfois inadéquate et trop restrictive.
Pour l’association Les Petits Débrouillards Pays de la Loire, la biodiversité, comme l’éducation à l’environnement, n’est pas un supplément d’âme mais une partie intégrante de l’éducation globale de la personne, indispensable à l’exercice de la citoyenneté.
Chacun, petit ou grand, doit pouvoir comprendre le milieu dans lequel il vit et sur lequel il agit. Nous faisons intimement partie de la biodiversité, nous ne lui sommes pas « extérieurs »*.
Nous définissons simplement la biodiversité comme étant l’ensemble des interactions du monde vivant ; en ce sens c’est une véritable porte ouverte sur l’ensemble des disciplines scientifiques et par conséquent une mine d’or pour la démarche expérimentale et Les Petits Débrouillards.
En cette année mondiale 2010, nous avons décidé de mettre notre énergie sur cette thématique dans un certain nombre de nos actions : Expo-science, Semaine du développement Durable, Rencontres du Fleuve, Science en Bas de Chez Toi**, Semaines de la Solidarité Internationale …
autant d’occasions d’aborder ce thème encore mal connu du grand public à travers différents domaines comme le climat, l’eau, la pollution, le commerce, la nature en ville, la faune et la flore, l’économie… et la création de nouveaux outils pédagogiques.
La biodiversité, de l’étude …
L’usage du mot biodiversité est donc relativement récent mais la biodiversité est, elle, très ancienne puisqu’elle est le résultat de la longue histoire de la terre et de l’évolution du monde vivant qui s’étale sur plusieurs milliards d’années. On peut faire remonter son étude à nos premiers naturalistes, voire aux hommes préhistoriques qui en dessinant les espèces sur les parois de leurs grottes donnaient déjà à voir la biodiversité les entourant !
… à la protection
Les « mesures » de la biodiversité décrites ci-avant ont montré son déclin. La biodiversité menacée, les humains, ayant parfois conscience d'en faire partie intégrante, ont décidé de la protéger, de la conserver. Et ces mesures de protection ne datent pas non plus d'hier. Ainsi, la première mesure de protection mise en place en France a été le classement de plus de 1 000 hectares en réserve naturelle artistique en forêt de Fontainebleau (1861), suite à l’action menée par deux peintres de Barbizon auprès de Napoléon III afin de protéger de l’enrésinement les beaux paysages inspirant leurs peintures.
Un Parc naturel régional, c'est quoi ?
Les Parcs naturels régionaux, institués il y a maintenant 40 ans, ont pour objectif de protéger les patrimoines naturel et culturel remarquables d’espaces ruraux de qualité mais fragiles, parce que menacés soit par la dévitalisation, soit par une trop forte pression urbaine ou touristique. Leur mission est d’assurer un développement économique et social harmonieux de leurs territoires en s’appuyant sur le respect de l’environnement.
Nés d’une volonté locale, créés à l'initiative des régions, ils sont composés des représentants des communes, départements et régions concernés par leur périmètre. Ces collectivités s'engagent pour 12 ans autour des objectifs d'une charte, définie en concertation avec l'ensemble des acteurs du territoire.
Les Parcs naturels régionaux, ce sont ...
- des espèces animales emblématiques : Ibis rouge, Loutre d’Europe, Grand tétras, Phoque-veau marin, Faucon pèlerin, Mouflon de Corse, Loup, Tortue luth, Vautour fauve, Lynx, Flamand rose…
- 13% du territoire national avec 21 régions métropolitaines, auxquelles s’ajoutent les territoires des Parcs de Guyane et de Martinique), 3 788 communes, soit 7 millions d’hectares pour 3 millions d’habitants,
- 27 % de la surface des arrêtés préfectoraux de biotope (0,25 % en France) et 22 % de la surface des sites classés (1,28 % en France),
- 21,6 % des sites du Conservatoire du littoral (0,13 % en France) et 18,9 % de la surface française terrestre en Natura 2 000 (12,41 % en France).
2010, année mondiale de la biodiversité
Selon l’étude publiée par la Société zoologique de Londres en partenariat avec le WWF, plus d’un quart de la faune mondiale a disparu depuis les années soixante-dix. Régression des hirondelles, du thon rouge… Dès 1962, la menace d’un « printemps silencieux » nous était signifiée. Mais ces alertes n’ont pas été prises au sérieux à l’époque. Depuis le début des années 2000, avec la succession des rapports qui viennent attester de l’appauvrissement des formes de vie, les choses bougent : l’importance de maintenir, voire restaurer la biodiversité, grandit dans les consciences.
Le Sommet de la Terre (à Rio de Janeiro, en 1992) a consacré l’existence de la convention sur la diversité biologique (CDB), première convention internationale concernant la biodiversité. Cette convention est ratifiée à ce jour par environ 190 pays.
L’Organisation des Nations Unies a proclamé 2010, Année internationale de la biodiversité pour alerter l’opinion publique sur l’état et les conséquences du déclin de la biodiversité dans le monde. Le secrétariat de la CDB a fixé les objectifs principaux suivants pour cette année 2010 :
- renforcer la prise de conscience des citoyens sur l’importance de sauvegarder la biodiversité ainsi que sur les menaces qui pèsent sur elle ;
- sensibiliser l’opinion à propos des réalisations déjà menées à bien par les communautés et les gouvernements pour
- sauvegarder la biodiversité ;
- encourager les personnes, les organisations et les gouvernements à prendre les mesures immédiates nécessaires pour stopper la perte de biodiversité ;
- promouvoir des solutions innovantes pour réduire les menaces envers la biodiversité ;
- initier un dialogue entre les parties prenantes au sujet des mesures à prendre pour la période post-2010.
La France répond à cet appel en déclarant la biodiversité, cause majeure pour 2010 !
En 2010 la région des Pays de la Loire n'a pas été en reste sur cette année mondiale de la biodiversité. Le Conseil Régional,
la DREAL et bien d'autres encore, ont mis en place des actions en faveur de la biodiversité sur notre territoire.
La biodiversité : du mondial…
Sur l’ensemble de la planète, la biodiversité est en déclin. En quelques décennies, les altérations et les destructions causées par l’homme aux écosystèmes naturels – en particulier les forêts primaires, les forêts tropicales, les zones humides, les mangroves, les lacs, les rivières, les mers et les océans – ont crû à un rythme inquiétant. On estime que le nombre des espèces connues – et nous sommes loin de les connaître toutes – a décliné d’environ 40 % depuis les années 1970. Depuis 2000, les forêts primaires ont perdu 6 millions d’hectares par an. Près de 20 % des récifs coralliens ont été détruits, du fait, notamment de la pollution et de la surpêche. 25 % des espèces connues auront peut-être disparu d’ici à 2050. De nombreux scientifiques pensent que la Terre est près de connaître une phase d’extinction de masse.
… au local
L’engagement de la France pour la protection de la biodiversité est d’autant plus important que :
- chaque année, plus de 60 000 ha de terrains agricoles et de milieux naturels sont transformés en routes, habitations, zones d’activités : c’est l’équivalent d’un département comme les Deux-Sèvres tous les 10 ans ;
- la France (métropole et outre-mer) se situe au 8e rang des pays abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées (par exemple, le dugong, la tortue luth, l’albatros hurleur…), du fait de la richesse de ses territoires d’outre-mer (en premier lieu, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française) ;
Cette situation confère à la France une responsabilité particulière en matière de biodiversité. C’est la raison pour laquelle elle a ratifié la convention pour la diversité biologique, en 2002 au Sommet de la Terre à Johannesburg et qu’elle s’est dotée, en 2004 de sa stratégie nationale pour la biodiversité qui fait l’objet d’un bilan annuel. Le Grenelle Environnement est venu compléter les actions entreprises par de nombreux engagements en faveur de la biodiversité tels que la Trame verte et bleue, une stratégie de lutte contre les espèces envahissantes, de nouveaux plans pour les espèces en danger d’extinction…
L'importance de la sauvegarde des espèces végétales et animales tend à augmenter, et de 2007 à 2010, la préservation de la biodiversité est de plus en plus citée comme action prioritaire que l’État devrait mener pour protéger l'environnement.
Ces actions d'étude et de sauvegarde incluent de plus en plus la participation de chacun. Ainsi que le montre l'expérience des Refuges à papillons. En effet, une étude récente montre que le déclin des papillons dans une zone donnée est lié à celui de la biodiversité dans cette même zone. La présence ou l'absence de papillons serait donc un bon indice de mesure de la biodiversité. Espérons que toutes ces tentatives arriveront à inverser la tendance et qu'en 2050 les quadragénaires, nés en cette année 2010 de la biodiversité, en verront les effets.
Éduquer à la biodiversité : une diversité d’approches
« L’éducation pour le développement durable (EDD) sert la biodiversité en concentrant l’attention sur l’interconnexion qui s’établit entre la biodiversité et les moyens d’existence, l’agriculture, l’élevage, la sylviculture et les pêcheries. »
Extrait de la fiche d’information sur l’éducation pour le développement durable de l’UNESCO sur le thème de la biodiversité.
Sur le terrain, éduquer à l’environnement peut se traduire par un acte d’information, de communication, de sensibilisation, d’éducation, de formation, de médiation, de concertation… L'EE cultive la complexité, rassemble des démarches éducatives, des méthodes diversifiées tant sur le fond que sur la forme. Éduquer à l’environnement n’est pas une mission anodine. C’est un acte engageant par lequel l’éducateur, bien au-delà d’un simple prosélytisme, invite les personnes qu’il côtoie à être dans la nature, dans leur environnement, à s’y frotter et s’y confronter… à vivre cet environnement, le toucher, le sentir, le parcourir, l’imaginer, l’expérimenter, le penser et le réfléchir, le construire, le modifier ou le conserver.
L’éducation à la nature et à la biodiversité poursuit principalement deux objectifs. D’une part, elle vise à permettre la prise de conscience de l’urgence à respecter et à préserver notre environnement. D’autre part, elle vise à l’épanouissement de l’individu dans sa relation à lui même, aux autres et au monde non humain. En s’appuyant sur les trois organes symboliques qui nous permettent d’appréhender le monde — « le cerveau », « le coeur » et « la main » —, elle conjugue une éducation scientifique et conceptuelle et une éducation à la citoyenneté, sans renoncer à l’émerveillement.
Une diversité d’acteurs
Chaque année, de nombreuses animations sont conçues par les acteurs de l’éducation à la nature et à la biodiversité. De multiples actions sont mises en place à différentes échelles du territoire, avec différents publics. Peut-on envisager éduquer à la biodiversité sans cette diversité d’approches, diversité des milieux, diversité des thèmes et diversité des acteurs ?
Le scientifique du CNRS, le naturaliste de la LPO, le chargé de mission du CPIE ou l’animateur de la petite association locale… tous éduquent à la nature et à la biodiversité selon leur approche, leur objectif, leur sensibilité… mais c’est la complémentarité qu’ils apportent qui fera du participant un citoyen conscient de sa place et de sa responsabilité face à la biodiversité.
L’organisation de l’EEDD, le Réseau École et Nature
Pratiquement toutes les régions et de nombreux départements connaissent une dynamique de réseau. Les échelles régionales de réseau se dénomment pour la plupart GRAINE : Groupe Régional d’Animation et d’Initiation à la Nature et à l’Environnement. Plusieurs réseaux départementaux se nomment REE : Réseau d’Education à l’Environnement. D’autres optent pour des appellations plus personnalisées (ARIENA – REEB – AVEE – GEE Aude – SEE – Coopere - Empreintes…).
Aujourd’hui, 26 réseaux territoriaux actifs et ouverts, organisés sous forme associative, mettent en lien plusieurs centaines d’acteurs de l’environnement et de l’éducation de toutes origines (associations, collectivités, établissements publics, entreprises, éducateurs, enseignants...).
Dossier réalisé par Sophie Descarpentries.
Remerciements à Stéphane GUIBERT, angevin,
auteur des photographies que vous pouvez retrouver sur http://www.stephaneguibert.fr